Voici un texte que le Patron de Nestlé, mon mari, Bertrand, a écrit en souvenir de notre Nestlé, qui nous a quittés il y a une semaine.
Il y a des trous dans ma maison
Quand
nous l’avons rescapée du refuge de la Société Protectrice, Nestlé nous a voué
un amour sans limite, mais elle avait un
penchant particulier à mon endroit.
Nestlé
nous a quittés récemment et, depuis ce temps-là, je trouve des trous partout
dans ma maison.
Il
y a un trou près de ma chaise. C’est là
que je m’assois pour lire le journal du
matin tout en mangeant mes toasts. Elle restait aux aguets, prête à attraper
les miettes qui pouvaient tomber par terre et les bouchées que je lançais
dans sa direction.
Il
y a trou au haut de l’escalier menant à la cave où se trouve mon bureau. Quand j’y descendais le matin pour ire mon
courrier, consulter les journaux et jouer des jeux, elle m’y attendait, sachant
très bien que ce serait bientôt le temps de la marche du matin.
Il
y a un trou près du tabouret dans la cuisine.
C’est là que je m’assois pour prendre ma collation au retour de la
marche avec mes chiens, et elle me guette, prête à attraper les morceaux de
pelures de pommes que je lance vers elle et qu’elle attrape au vol avec un
bruit de mâchoires sec.
Il
y a un trou dans la salle à manger. Les
rayons du soleil du matin frappent le plancher et ma Nestlé se couche direct
dedans et se roule en boule avec un soupir de satisfaction.
Il
y a un trou dans la cuisine quand Marie et moi y préparons les repas et qu’on
lance dans sa direction des bouts de carottes, de céleri ou d’autres légumes. Friande de pelures de carottes et de pieds de
brocolis, elle attend avec impatience qu’on les lance vers elle. Ah! Les pieds de brocolis, la meilleure gâterie
au monde!
Il
y a un trou près de ma chaise dans la salle à diner lors des repas, où Nestlé
se couche, prête à attraper au vol les morceaux lancés en sa direction.
Il y a un trou sur le deck, C’est là qu’elle prend sa dose quotidienne de
soleil.
Il
y a deux trous près de ma chaise dans le salon, là où je m’assois pour lire ou pour regarder
la tv, un à droite qui est à moi tout seul, un à gauche que je partage avec
Marie, ma conjointe, dans les deux cas assez proche pour se faire caresser et
se tourner sur le dos pour se faire flatter la bedaine.
Il
y a trou au pied de mon lit, là où
elle passait
la nuit, couchée sur sa couverture, et, au petit matin, elle bondissait de joie
vers la cuisine pour y gober son déjeuner.
Je
me surprends malgré moi à regarder vers les trous qu’elle remplissait et le
fait de ne pas la voir là me donne un pincement au cœur.
Au
début, il y avait un trou dans mon cœur, mais ce trou s’est vite rempli de
souvenirs impérissables teintés de tristesse.
Je
sais que, petit à petit, la tristesse va éventuellement s’estomper et laisser
toute la place aux souvenirs impérissables de ma Nestlé.
Et Marie ajouterait aussi: il y a un grand trou dans le coeur de sa compagne Cara, à qui elle manque énormément!